Centre Bouddhique International

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LIVRES & ARTICLES

Un bref résumé des Enseignements du Bouddha

LES QUATRE NOBLES VÉRITÉS

Article préparé par le Centre Bouddhique du Bourget

 

 

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L’Éthique Bouddhique

 

 

 

Les lois et coutumes morales faites par l’homme ne forment pas l’Éthique Bouddhique.

 

 

Le monde d’aujourd’hui est dans un état de tourment. L’éthique précieuse est en train d’être renversée. Les forces du scepticisme matérialiste ont tourné leurs lames de dissection sur les concepts traditionnels des qualités qui sont considérées comme humaines. Pourtant, toute personne qui se préoccupe de la culture et de la civilisation s’occupera de questions pratiques et éthiques. Car l’éthique concerne la conduite humaine. Elle concerne notre relation avec nous-mêmes et avec nos semblables.
La nécessité de l’éthique découle du fait que l’homme n’est pas parfait par nature. Il doit s’entraîner à être bon. La moralité devient ainsi l’aspect le plus important de la vie.

 

L’éthique bouddhique n’est pas une norme arbitraire inventée par l’homme dans son propre but utilitaire. Elle n’est pas non plus imposée arbitrairement de l’extérieur. Les lois et coutumes humaines ne constituent pas la base de l’éthique bouddhique. Par exemple, les styles de robe qui conviennent à un climat, à une période ou à une civilisation peuvent être considérés comme indécents dans un autre. Mais c’est une question de coutume sociale et cela n’implique en aucune façon des considérations éthiques. Pourtant, les artifices des conventions sociales sont constamment confondus avec des principes éthiques valables et immuables.

 

L’éthique bouddhique trouve son fondement, non pas dans l’évolution des coutumes sociales, mais plutôt dans les lois immuables de la nature. Les valeurs éthiques bouddhiques font intrinsèquement partie de la nature, et la loi immuable de cause à effet (kamma). Le simple fait que l’éthique bouddhique soit enracinée dans le droit naturel rend ses principes à la fois utiles et acceptables pour le monde moderne. Le fait que le code éthique bouddhique ait été formulé il y a plus de 2 500 ans n’enlève rien à son caractère intemporel.

 

La moralité dans le bouddhisme est essentiellement pratique en ce qu’elle n’est qu’un moyen menant au but final du bonheur ultime. Sur le sentier bouddhique de l’émancipation, chaque individu est considéré comme responsable de ses propres bonheurs et malheurs. Chaque individu est censé travailler à sa propre délivrance par sa compréhension et ses efforts. Le salut bouddhique est le résultat de notre propre développement moral et ce dernier ne peut être imposé ni accordé par un agent externe. La mission du Bouddha était d’éclairer les hommes sur la nature de l’existence et de leur conseiller la meilleure façon d’agir pour notre propre bonheur et pour le bénéfice des autres. Par conséquent, l’éthique bouddhique n’est fondée sur aucun commandement que les hommes sont obligés de suivre. Le Bouddha a conseillé aux hommes les conditions qui étaient les plus saines et propices au bénéfice à long terme pour soi-même et pour autrui. Plutôt que de s’adresser aux pécheurs avec des mots tels que 'honteux', 'méchant', 'misérable', 'indigne', et 'blasphématoire', Il dirait simplement, 'Vous êtes imprudent en agissant de cette manière puisque cela apportera de la peine pour vous et pour autrui. '

 

La théorie de l’éthique bouddhique trouve son expression pratique dans les divers préceptes. Ces préceptes ou disciplines ne sont rien d’autre que des guides généraux pour montrer la direction vers laquelle le bouddhiste doit se tourner sur son cheminement vers le salut final. Bien que beaucoup de ces préceptes soient exprimés sous une forme négative, nous ne devons pas penser que la morale bouddhique consiste à s’abstenir du mal sans le complément de faire le bien.
La moralité que l’on trouve dans tous les préceptes peut se résumer en trois principes simples. 'Éviter le mal ; faire le bien, purifier l’esprit. Tel est le conseil donné par tous les Bouddhas (Dhammapada, 183)

 

Dans le Bouddhisme, la distinction entre ce qui est bon et ce qui est mauvais est très simple : toutes les actions qui ont leurs racines dans la cupidité, la haine et l’illusion et qui jaillissent de l’égoïsme favorisent l’illusion nuisible de la fausse croyance en un Soi. Ces actes sont déméritoires, ou malhabiles ou mauvais. On les appelle Akusala Kamma. Toutes ces actions qui sont enracinées dans les vertus de la générosité, de l’amour et de la sagesse, sont méritoires : Kusala Kamma. Les critères du bien et du mal s’appliquent aux pensées, paroles ou actions.

 

L'éthique bouddhique est basée sur l'intention ou la volition

 

'Le Kamma est la volonté', dit le Bouddha. L’action elle-même n’est ni bonne ni mauvaise, mais seulement l’intention et la pensée la rendent en tant que telle. Pourtant, l’éthique bouddhique ne soutient pas qu’une personne puisse commettre ce qu’on considère traditionnellement comme des péchés, du moment qu’elle le fait avec les meilleures intentions. Si telle avait été sa position, le bouddhisme se serait limité aux questions de psychologie et aurait laissé la tâche inintéressante d’établir des listes de règles éthiques et de définir des codes de conduite pour des enseignements moins émancipés. Le lien entre les pensées et les actes, entre l’action mentale et l’action matérielle, est une extension de la pensée. Il n’est pas possible de commettre un meurtre avec un bon cœur, parce que prendre la vie est simplement l’expression extérieure d’un état d’esprit dominé par la haine ou la cupidité. Les actes sont des condensations de pensées, tout comme la pluie est une condensation de vapeur. Les actes ne proclament à partir des toits d’actions que ce qui a déjà été commis dans les chambres silencieuses et secrètes du cœur.
Une personne qui commet un acte immoral déclare ainsi qu’elle n’est pas libérée d’un état d’esprit malsain. En outre, une personne qui a un esprit purifié et rayonnant, qui a un esprit vide de toutes pensées et sentiments souillés, est incapable de commettre des actions immorales.

 

L’éthique bouddhique reconnaît également l’objectivité de la valeur morale. En d’autres termes, les conséquences karmiques des actions se produisent conformément à la loi karmique naturelle, indépendamment de l’attitude de l’individu ou indépendamment des attitudes sociales envers la loi. Par exemple, l’ivresse a des conséquences karmiques. Elle est maléfique puisqu’elle favorise notre propre malheur ainsi que celui d'autrui. Les effets karmiques de l’ivresse existent malgré ce que l’ivrogne ou sa société peut penser de l’habitude de boire. Les opinions et les attitudes dominantes n’enlèvent rien au fait que l’ivresse est objectivement mauvaise. Les conséquences psychologiques, sociales et karmiques rendent les actions morales ou immorales, indépendamment des attitudes mentales de ceux qui jugent l’acte. Ainsi, alors que le relativisme éthique est reconnu, il n’est pas considéré comme sapant l’objectivité des valeurs.

 

Le mode de vie bouddhiste des chefs de famille

 
Le Bouddha considérait non seulement le bien-être économique comme une condition du bonheur humain, mais aussi l'utilité du développement moral et spirituel pour une vie heureuse, paisible et faite de contentement.
Un homme nommé Dighajanu rendit visite au Bouddha et lui dit, 'Vénérable, nous sommes des laïcs ordinaires, menant une vie de famille avec femme et enfants. L’Eveillé nous enseignerait-il des doctrines qui seront propices à notre bonheur dans ce monde et dans l’au-delà ?

 

Le Bouddha lui dit qu’il y a quatre choses qui sont propices au bonheur d’un homme dans ce monde. Premièrement : il doit être habile, efficace, sérieux, et énergique dans n’importe quelle profession où il est engagé, et il doit bien la connaître (utthana-sampada). Deuxièmement : il doit protéger son revenu, qu’il a ainsi gagné justement, à la sueur de son front (arakkha-sampada). Troisièmement, il doit avoir de bons amis (kalyana-mitta) fidèles, savants, vertueux, libéraux et intelligents, qui l’aideront sur le droit chemin, loin du mal. Quatrièmement, il doit dépenser raisonnablement, proportionnellement à ses revenus, ni trop ni trop peu, c’est-à-dire qu’il ne devrait pas amasser la richesse avec avidité ni être extravagant. En d’autres termes, il devrait vivre selon ses moyens (sama-jivikata).

 

Puis le Bouddha exposa les quatre vertus propices au bonheur d’un laïc : (1) Saddha : il doit avoir foi et confiance dans les valeurs morales, spirituelles et intellectuelles ; (2) Sila : il doit s’abstenir de détruire et de faire du mal à tout ce qui vit, de voler et de tromper, d’adultère, de mensonges, et de boissons enivrantes; (3) Caga : il doit pratiquer la charité, la générosité, sans attachement ni désir de richesse;(4) Panna : il doit développer la sagesse qui conduit à la destruction complète de la souffrance, à la réalisation de Nibbana.

 

Parfois, le Bouddha donna même des détails au sujet des économies et des dépenses, comme, par exemple, quand il dit au jeune homme Sigala qu’il devrait dépenser le quart de son revenu pour ses dépenses quotidiennes, investir la moitié dans son entreprise et mettre de côté un quart pour toute urgence.

 

Une fois que le Bouddha dit à Anathapindika, le grand banquier, l’un de ses disciples laïcs les plus dévoués qui a fondé pour lui le célèbre monastère de Jetavana à Savatthi, qu’un laïc qui mène une vie de famille ordinaire a quatre sortes de bonheur. Le premier bonheur est de jouir d’une sécurité économique ou d’une richesse suffisante acquise par des moyens justes et corrects (atthi-sukha). Le second est de dépenser cette richesse généreusement pour lui-même, sa famille, ses amis et parents, et pour des actions méritoires (bhogo-sukha). Le troisième est d’être libre de dettes (anana-sukha). Le quatrième bonheur est de vivre une vie sans défaut, et une vie pure sans commettre de mal en pensées, paroles ou actions (anavajja-sukha).

 

Il convient de noter ici que les trois premiers sont le bonheur économique et matériel qui ne 'vaut qu'une infime partie' du bonheur spirituel qui naît d’une vie bonne et irréprochable.

D’après les quelques exemples donnés ci-dessus, on peut voir que le Bouddha considérait le bien-être économique comme une condition du bonheur humain, mais qu’il ne reconnaissait pas le progrès comme réel et vrai s’il n’était que matériel, dépourvu d’un fondement spirituel et moral. Tout en encourageant le progrès matériel, le Bouddhisme insiste toujours beaucoup sur le développement du caractère moral et spirituel pour une société heureuse, paisible et satisfaisante.

 

Beaucoup de gens pensent que pour être un bon bouddhiste on ne devrait absolument rien à voir avec la vie matérialiste. Ce n’est pas correct. Ce que le Bouddha enseigna est que si nous pouvons jouir du confort matériel sans aller aux extrêmes, nous devons aussi consciencieusement développer les aspects spirituels de nos vies. Alors que nous pouvons jouir de plaisirs sensuels en tant que laïcs, nous ne devrions jamais être indûment attachés à eux, dans la mesure où ils entravent notre progrès spirituel. Le Bouddhisme souligne la nécessité pour un homme de suivre la Voie du Milieu.

 

 

 

Ven.K.Sri Dhammananda Nayaka Thera

 

 

 

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 Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka  IV-Ve Siècle