Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka IV-Ve Siècle
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#2 - La dette du monde au Bouddha
La diffusion de la religion de l’humanité
Il y a deux mille cent ans, toute l’Asie tomba sous l’influence du sceptre d’un empereur et il se nomma Asoka, le ravissement des dieux. Sa gloire consista à répandre les enseignements du Bouddha dans le monde par la force de l’amour, et en fait personne ne put affirmer qu’il échoua. Son fils unique et sa fille furent des exposants de cette douce doctrine, et, revêtus de la robe orange, ils se rendirent à Ceylan, enseignèrent à son roi et y établirent le Bouddhisme. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité la fraternité de cette dernière fut prônée, des nations différentes acceptèrent une vérité vivante, et la vertu fut intronisée. Ce fut un fier accomplissement, sans précédent dans l’histoire depuis l’aube de la civilisation. La pure religion ne reconnaissant aucune déité fut la bienvenue partout. Il y a une grandeur qui lui est inhérente, car elle ne souhaite pas renvoyer à l’égoïsme de l’homme.
Quand l’esprit humain atteint un stade de développement supérieur, la conception d’une divinité y devient faible. Presque trois cents millions de personnes régentées par le grand empire d’Asoka adhérèrent à un système d’éthique pure ; un état social fut pour la première fois énoncé. Le roi perçut en profondeur à quel point c’était une faute de détruire la vie des animaux, et par conséquent « l’on ne devrait pas tuer le moindre animal vivant ». Il déclara à l’époque où l’édit fut gravé « trois animaux seulement sont tués pour la table du roi, deux paons et une gazelle. Même ces trois animaux ne seront désormais plus tués à l’avenir. » Partout dans son empire, et dans les royaumes voisins tels que la Grèce, etc., le roi a fourni des médicaments de deux sortes, des médicaments pour les hommes et des médicaments pour les animaux. Partout où des plantes utiles, que ce soit pour les hommes ou bien pour les animaux, étaient nécessaires, elles furent importées et plantées. Et au bord des routes publiques des puits ont été creusés pour l’usage des hommes et des animaux. « Il est bon et correct de rendre de bons et loyaux services à nos pères et mères, à nos amis, à nos relations et connaissances ; il est bon et correct de faire l’aumône aux maîtres religieux et aux étudiants en religion, de respecter la vie des êtres vivants, d’éviter la prodigalité et un langage violent. »
« Merci aux instructions de la religion prodiguées par le roi, il existe aujourd’hui un respect pour les créatures vivantes, une tendresse à leur égard, un respect pour les relations et pour les maîtres, une obéissance loyale envers père et mère et une obéissance envers les personnes âgées, de telles choses n’ayant point existé pendant plusieurs siècles. L’enseignement de la religion est l’acte le plus méritoire et il n’existe point de véritable pratique religieuse sans vertu. »
« La pratique de la vertu est difficile, et ceux qui pratiquent la vertu pratiquent quelque chose qui est difficile. Ainsi par le passé il n’y avait point de ministre du culte, mais j’ai créé des ministres du culte. Ils se mélangent avec toutes les sectes. Ils apportent un confort à celui qui est plein d’entraves. »
« Le roi désire ardemment que toutes les sectes puissent s’implanter en tous lieux. Elles ont toutes pour but l’assujettissement des sens et la purification de l’âme ; mais l’homme est oscillant dans ses attachements. Ceux qui ne font pas des dons de grande ampleur pourraient encore posséder un contrôle sur les sens, la pureté de l’âme et la gratitude ainsi que la fidélité dans leurs liens affectifs, et c’est digne d’éloges. »
« Dans le passé, les rois se rendaient à l’extérieur pour des passe-temps. Ce sont mes passe-temps-visites et dons aux maîtres, visites aux personnes âgées, distribution d’argent, visite au peuple de l’empire, etc. »
« Il n’existe aucun don comparable au don de la religion. »
« Le roi honore toutes les sectes, il les apaise par des aumônes. Mais celui qui est aimé des dieux attache moins d’importance à de tels dons et à de tels honneurs qu’à l’effort de promouvoir leurs vertus morales essentielles. Il est vrai que telles vertus essentielles ou d’autres prévalent selon les sectes diverses. Mais il existe une base commune et c’est la modération et l’amabilité dans le langage employé. Ainsi nous ne devrions pas exalter notre propre secte et dénigrer les autres ; l’on ne devrait pas les déprécier sans cause, mais l’on devrait en toutes occasions leur rendre les honneurs qu’elles méritent. S’efforçant de la manière suivante, l’on promeut le bien-être de sa propre secte tout en servant les autres. Quiconque par attachement à sa propre secte, et en vue de la promouvoir, l’exalte et dénigrent les autres, ne fait qu’infliger des blessures profondes à sa propre secte. »
« Donc l’entente seule est méritoire, afin que tous tolèrent et aiment tolérer les croyances d’autrui. Tous les peuples, quelle que soit leur foi, devraient dire que le bien-aimé des dieux attache moins d’importance aux dons et aux observances extérieures qu’au désir de promouvoir des doctrines morales essentielles et le respect mutuel entre toutes les sectes. Le résultat de cela est la promotion de ma propre foi et son avancement dans la lumière de la religion. »
« Le bien-aimé des dieux désire ardemment la sécurité pour toutes les créatures, le respect de la vie, la paix et la tendresse dans le comportement. C’est cela même que le bien-aimé des dieux considère comme étant la conquête de la religion… J’ai ressenti une joie intense, tel est le bonheur que la conquête de la religion procure. C’est à cette fin que cette inscription religieuse a été gravée, de sorte que nos fils et petit-fils ne penseront pas qu’une nouvelle conquête est nécessaire ; afin qu’ils ne pensent jamais que la conquête par le sabre mérite le nom de conquête ; afin qu’ils ne voient en elle rien d’autre que la destruction et la violence ; qu’ils pourraient considérer qu’aucune conquête n’est aussi vraie que la conquête de la religion. »
Dans le 8ème édit, le Grand Empereur dit : « J’ai aussi nommé des ministres de la religion afin qu’ils s’exercent parmi toutes les sectes, tous les moines aussi bien qu’auprès des laïcs.
J’ai aussi dirigé mon regard vers les intérêts du clergé, des Brahmanes, des mendiants religieux, des Nirgantha religieux et des sectes diverses auprès desquelles mes ministres du culte oeuvrent. Les ministres s’exercent, chacun au sein de sa corporation, et les ministres de la religion travaillent généralement avec toutes les sectes. Par ce biais les actes religieux sont promus à travers le monde au même titre que la pratique de la religion, la pitié et la charité, la vérité et la pureté, la gentillesse et la bonté. Le progrès de la religion parmi les hommes est assuré par deux voies, par des règles positives et par des sentiments religieux. Parmi ces deux méthodes, celle des règles positives est de faible valeur, c’est l’inspiration au niveau du cœur qui est essentielle. C’est seulement par un changement des sentiments ressentis dans le cœur que la religion fait un progrès réel en inspirant un respect pour la vie, avec pour anxiété de ne pas tuer d’êtres vivants. » Qui pourra dire que la religion de cet empereur humain n’a pas perduré et dans les deux mille ans qui ont suivi, le genre humain n’a point découvert de religion plus noble que le fait de promouvoir sur cette terre, compassion et charité, vérité et pureté, gentillesse et bonté. »
A quel degré chaque religion a-t-elle favorisé l’évolution historique de la race ? Quand le Bouddhisme fleurissait en Inde, les arts, les sciences et la civilisation atteignirent leur apogée, tel qu’en témoignent les édits et les monuments de la période du règne d’Asoka. Les hôpitaux furent créés d’abord pour les hommes et les animaux. Des exposants du Dhamma furent envoyés dans toutes les parties du monde. La création littéraire fut encouragée. Où que le Bouddhisme s’implanta, les nations absorbèrent son esprit, et les peuples devinrent plus aimables et plus doux. Le massacre d’animaux et les beuveries cessèrent, et les guerres furent quasiment abolies.
Qu’est-ce que la littérature bouddhique a apporté au genre humain ?
Avec l’avènement du Bouddhisme au Ceylan, et dans d’autres pays bouddhistes, la littérature a fleuri, et où qu’elle étendît son champ d’influence, elle contribua au développement des arts et des lettres. Les monastères devinrent le siège de l’apprentissage, et les moines obéissant à leur maître disséminèrent la connaissance parmi le peuple.
La religion et la famille
L’éducation domestique des enfants, les liens du mariage, le Sigalovada Sutta définit les relations des membres du foyer familial les uns envers les autres.
Les parents devraient : (i) protéger leurs enfants des vices (ii) les entrainer sur le chemin des vertus ; (iii) Assurer qu’ils étudient les arts et les sciences, (iv) leur trouver des épouses et des époux appropriés ; (v) leur procurer un héritage.Les enfants devraient : (i) Soutenir leurs parents ; (ii) Accomplir les tâches familiales correctement ; (iii) Protéger leur propriété ; (iv) Se rendre dignes d’être leurs héritiers ; (v) Honorer leur mémoire ; le don de toutes les richesses du monde ne constituerait même pas un retour adéquat aux parents pour tout ce qu’ils ont fait pour nous.
L’époux devrait : (i) Traiter son épouse avec respect, (ii) Traiter son épouse avec gentillesse, (iii) Lui être fidèle, (iv) Faire en sorte qu’elle soit honorée par autrui, (v) Lui procurer des ornements et habits appropriés.
L’épouse devrait : (i) Ordonner son ménage correctement ; (ii) Être hospitalière envers ses parents et amis ; (iii) Être chaste ; (iv) Être une gouvernante économe ; (v) Faire preuve de diligence et de compétence.
La fraternité bouddhiste
Bouddha fut le premier à établir une fraternité sans distinction de caste et de race. Il y a vingt-quatre siècles, il déclara : « Tels les grands courants, ô disciples, bien qu’ils puissent être nombreux, le Gange, la Yamuna, l’Achiravati, la Sarabhu, quand ils atteignent le grand océan, perdent leur nom ancien et leur origine ancienne, et ne portent plus qu’un seul nom-le grand océan, alors aussi les Brahmanes, les Kshatriya, les Vaishya et les Shudra perdent leur distinction quand ils rejoignent la confrérie. » Les hors-castes aussi bien que les princes furent admis au sein de cet ordre. La vertu en constituait le passeport et non la richesse et le rang social.
La tolérance exaltée du Bouddha
« Bhikkhu, si d’autres parlent contre moi, ou parlent contre ma doctrine, ou parlent contre l’ordre, il n’y a aucune raison pour vous de vous mettre en colère, d’être mécontents ou insatisfaits à leur égard…Si, en conséquence de cela, vous vous mettez en colère et vous devenez insatisfaits, vous vous mettrez en danger…Si vous vous mettez en colère et si vous êtes insatisfaits, serez-vous capables de juger si oui ou non ils disent des choses correctes ou incorrectes ? Nous ne pourrons, Ô Seigneur, être capables…Si d’autres parlent contre moi vous devriez répudier la fausseté comme étant de la fausseté, en disant, ces choses ne sont pas ainsi, elles ne sont pas véridiques, ces choses n’existent pas parmi nous, elles ne sont pas en nous. »
« Bhikkhu, si d’autres parlent en me louant, parle de ma doctrine en la louant, ou parlent en louant l’ordre, ce n’est pas une raison pour être contents, gratifiés ou ravis en esprit…Si, en conséquence de cela, vous êtes contents, gratifiés ou ravis en esprit, vous vous mettrez en danger par là même. La vérité devrait être accueillie par vous comme étant la vérité, sachant que ces choses existent, qu’elles sont véridiques, qu’elles existent parmi vous et qu’elles sont constatées parmi vous… »
Le Bouddhisme et la Science moderne
Sir Edwin Arnold dit : « Je l’ai souvent dit, et je le dirai encore et encore, entre le Bouddhisme et la Science moderne, il existe un lien intellectuel intime. Quand Tyndall nous parle de sons que nous ne pouvons pas entendre, et Norman Lockyer de couleurs que nous ne pouvons pas voir, quand Sir William Thompson et le Professeur Sylvester poussent les investigations mathématiques vers des régions situées au-delà du calcul infinitésimal, et d’autres, bien que plus audacieux, imaginent et essayent de se confronter à un espace à quatre dimensions, tout ceci peut se résumer à la notion bouddhique de Maya? Et quand Darwin nous montre la vie passant en avant et vers le haut au travers d’une série de formes en amélioration constante vers le mieux et le meilleur, chaque individu débutant une nouvelle existence avec un « disque dur » de bons et mauvais fruits tamponnés en profondeur et sans qu’ils puissent être effacés en lien avec les anciens, tout cela n’est-il pas encore la même chose que la doctrine bouddhique du Karma et du Dharma. » Finalement, si nous rassemblons tous les résultats de la recherche moderne, en puisant depuis la meilleure littérature jusqu’aux découvertes les plus récentes en physique et les derniers rapports en biologie, quelle en est la conclusion, la grande et joyeuse conclusion qui s’impose à l’esprit, si ce n’est ce qui rend l’authentique Bouddhisme si joyeux et si plein d’espérances.
La connaissance de la religion peut-elle être scientifique ?
Le Bouddhisme est une religion scientifique, dans la mesure où il enjoint que rien ne devrait être accepté par la seule foi. Le Bouddha a dit que rien ne devrait être cru simplement parce que cela a été dit. Le Bouddhisme équivaut à une connaissance des autres sciences.
La religion dans sa relation avec la morale
La plus haute des moralités est inculquée dans le système du Bouddha, car il autorise la liberté de pensée et d’opinions, s’oppose à la persécution et à la cruauté, et reconnaît le droit des animaux. Les boissons enivrantes, la consommation d’opium, et tout ce qui tend à détruire la maitrise du mental sont rejetés.
Divers programmes pour relever l’homme déchu
C’est le devoir des Bhikkhu et des laïcs religieux (Upasaka) non seulement d’être des exemples de vie sainte, mais d’exhorter continuellement leurs frères plus faibles en leur montrant les effets pernicieux d’une vie mauvaise, et le caractère glorieux d’une vie vertueuse, et de les exhorter à une vie de pureté. Les êtres déchus ne devraient en aucun cas être négligés ; ils doivent être traités avec sympathie.
La religion et les problèmes sociaux
La doctrine de base du Bouddhisme consiste à soulager la souffrance humaine. Une vie de plaisirs sensuels est condamnée, et les conflits liés au travail et au capital ainsi que d’autres problèmes auxquels fait face l’Europe actuelle ne sont pas rencontrés dans les pays Bouddhistes. Dans le Vasala Sutta celui qui ne prend pas soin des pauvres est appelé vasala, c’est-à-dire un homme de basse naissance. Dans le Sigalovada Sutta, le Bouddha impose aux hommes de consacrer un quart de leur richesse à la cause du soulagement des nécessiteux. Dans le Maha Dhamma Samadana Sutta, le Bouddha dit que la pauvreté d’un homme n’est point une excuse pour une négligence de la religion. Tel le patient atteint de la maladie du sommeil qui doit prendre des médicaments amers, ainsi les pauvres, nonobstant leur pauvreté, doivent mener la vie religieuse qui est difficile à pratiquer.
La religion et la tempérance
Le Bouddha dit : « L’homme déjà ivre d’ignorance ne devrait pas y rajouter l’imbibition de boissons alcooliques. » Un des vœux observés par les moines bouddhistes et par les laïcs est formulé ainsi : « J’observe le vœu de m’abstenir de boissons intoxicantes, car elles entravent le progrès et la vertu. » Dans le Dhammika Sutta il est déclaré : « Le maître de maison qui se délecte de la Loi ne devrait pas s’adonner à des boissons intoxicantes, il ne devrait pas faire boire les autres, et il ne devrait pas accorder une confiance quelconque à ceux qui boivent sachant que cela conduit à la folie. L’ignorant commet des fautes en raison de son ébriété et il incite aussi les autres à boire. Vous devriez éviter cela. C’est une cause de démérite, de folie et d’ignorance-bien que ce puisse être une source de plaisir pour l’ignorant. »
Les dangers de la vie moderne puisent leur origine principalement dans les boissons et la brutalité, et dans les pays bouddhistes les lois, basées sur les enseignements du Bouddhisme, interdisent la manufacture, la vente et l’usage de liqueurs, et elles empêchent le massacre d’animaux aux fins de nourrir le palais.
Les bénéfices conférés aux femmes dans le Bouddhisme
Les mêmes droits sont accordés aux femmes et aux hommes. Il n’y a pas la moindre différence de traitement, et une égalité parfaite a été proclamée. « La femme », dit le Bouddha dans le Chulavedalla Sutta et dans le Mahavagga, « pourrait atteindre le sentier ultime de la sainteté, l’état d’Arahant qui est accessible aux hommes. »
Les inscriptions d’Asoka et les histoires de Ceylan, de la Birmanie et d’autres pays bouddhistes le prouvent.
L’amour du pays et l’observance de la Loi
Dans le Mahaparinibbana Sutta, le Bouddha encourage l’amour pour notre propre pays.
« Aussi longtemps qu’un peuple se réunit ensemble dans l’harmonie, et se concerte dans l’harmonie, et entreprend tout ce qu’il doit entreprendre avec harmonie, aussi longtemps qu’il ne promulgue rien qui n’a déjà été promulgué, et n’abroge rien qui a déjà été promulgué, et agit en conformité avec les anciennes institutions telles qu’elles furent établies dans les temps anciens aussi longtemps qu’il honore, estime et révère et apporte son soutien aux aînés aussi longtemps qu’aucune femme ni fille de ses clans ne sont détenue en son sein par la force ou suite à un rapt aussi longtemps qu’il honore et estime et révère les sanctuaires en ville ou dans l’arrière-pays -aussi longtemps ce peuple est supposé ne point décliner, mais prospérer. »
La fraternité des peuples
Comme le Bouddhisme ne reconnaît pas le système des castes, et admet l’égalité parfaite de tous les hommes, il proclame la fraternité universelle. Mais les peuples devraient tomber d’accord au sujet de l’acceptation des vertus universelles. Le Bouddhisme prône la paix universelle entre les nations, et déplore la guerre et les bains de sang. Les droits des tribus et des nations plus petites (en nombre) de mener une existence séparée devraient être protégés des guerres agressives. Dans l’Anguttara Nikaya, Tika Nipata, Brahmanavagga, le Bouddha prône l’arbitrage plutôt que la guerre. Le Bouddhisme condamne fortement la guerre sur la base des grandes pertes qu’elle entraîne pour l’humanité. Il dit que la dévastation, la famine et autres maux en tant que tels sont provoqués par la guerre.
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