Grandes figures dans l¹histoire du Bouddhisme
Véronique Cromb
Quelques 2500 ans après le Parinirvâna, une pléiade de noms illustres jalonnent l¹histoire de la Communauté, et l¹évolution de la Doctrine .
Le Parinirvâna marque une nouvelle phase dans l¹existence de la Communauté Bouddhique. Le Maître n¹est plus . Il faut maintenant s¹organiser, mettre l¹enseignement en forme, établir des règles de fonctionnement précises ... Avec le temps, la Doctrine va se transformer, se répandre sur l¹ensemble du continent asiatique avant d¹atteindre d¹autres horizons ...
Quelques disciples éminents du Bouddha
Difficile de faire un choix parmi les grandes figures de la vie monastique contemporaine du Bouddha.
Arbitrairement, et aussi parce qu¹ils jouent un rôle de premier plan dans la transmission de la doctrine après la disparition du Bouddha, noux choisirons Ananda et Mahakassapa.
Mahakassapa.
Né dans une famille de riches brahmanes -son père possédait et administrait 16 villages dit-on - du royaume de Magadha, il est d¹abord nommé Pipphali. Bien que vivant dans le luxe, il aurait très tôt émoigné d¹un gout certain pour le renoncement.
D¹où son inquiétude quand ses parents entament les procédures destinées à le marier. Pensant s¹en tirer à bon compte, il fait réaliser par un orfèvre une statue d¹or présentant les qualités qu¹il attend de sa future épouse. Néammoins, l¹on trouve. Bhaddâ Kapilânî, elle même fille de brahmane, était toutefois animée des mêmes dispositions d¹esprit que lui. En cachette, ou du moins ils le pensent, les jeunes gens échangent des lettres destinées à se convaincre mutuellement de se marier ailleurs. Mais les lettres sont interceptées et échangées contre des voeux de bienvenue par les parents, et le mariage a lieu. Ils s¹accordent alors pour mener leur vie de couple en accord avec leurs aspirations à la chasteté et au renoncement.
Un peu à l¹image du futur Bouddha lors de la première expérience de méditation pendant la cérémonie du Labour Royal, Pipphali eut l¹expérience de la dure loi de la rétribution des actes en assistant en personne aux travaux des champs qu¹il eut à administrer après la disparition de ses parents. Il en fut de même au à peut près au même moment pour son épouse.
Ayant échangé leurs expériences, les deux époux se font raser le crâne, apporter des vêtements safran de renonçants, et quittent leur domaine, au grand désespoir des fermiers et de leurs proches. Pipphali affranchit certains qui avaient le statut de serf. Rapidement, ils réalisent les critiques dont ils pourraient être l¹objet s¹ils demeuraient ensemble, et partent chacun de leur côté.
Elle rencontrera le Bouddha de son côté et devient nonne, atteignant l¹état d¹arahant.
Au moment du renoncement des époux, la terre s¹était ébranlée. Le Bouddha perçoit ce signe comme l¹annonce de la venue d¹un disciple exceptionnel, et se porte à sa rencontre, s¹installant sous un banian sur la route entre Nalanda et Rajagiha pour l¹attendre.Kassapa le reconnait tout de suite comme étant son Maitre (leurs liens étaient étroits depuis de nombreuses existences 19 disent certains textes, ayant été père et fils, frères, maitre et disciple...) Sur le chemin qui les ramène a Rajagriha, a lieu le fameux échange de robes : le Bouddha est fatigué, Kassapa lui donne ses propres robes pour s¹asseoir, et les donne au Bouddha et l¹échange se fait après que le Bouddha se soit inquiété de ce que ses propres robes vieilles, rugueuses et rapiécées seront dures à porter pour kassapa.
Honneur qui ne fut partagé par aucun autre disciple:
-commentaires expliquent que le Bouddha a ainsi agi pour encourager Kassapa à observer les pratiques d¹austérité
-par la suite considéré comme le signe que déjà le Bouddha le pressentait comme son successeur. Toutefois, le Bouddha n¹a pas désigné formellement de successeur.
A plusieurs reprises, le Bouddha demanda à Kassapa d¹exhorter les moines à sa place, ce qui montre la position éminente qu¹il lui accordait. Les commentaires indiquent que le Bouddha savait que Kassapa lui survivrait et souhaitait ainsi conseiller aux moines de suivre les conseils de Kassapa, alors que d¹autres disciples éminents, comme Sariputta et Mahâmogallâna devaient mourir avant lui.
Il arriva à trois reprises, pour des raisons diverses (par exemple quand il s¹agissait de moines peu portés à écouter les exhorations, enclins au mal...) que Kassapa refuse d¹exhorter les moines.
Reconnaissance la plus haute de Kassapa: lorsque le Bouddha reconnait que Kassapa est, comme lui-même, capable d¹atteindre à volonté les quatre états d¹absoption méditative, les jhana.
C¹était lui reconnaitre d¹avoir atteint un accomplissement très voisin du sien propre.
Davantage porté aux pratiques méditatives, Kassapa n¹eut pas beaucoup de disciples. IL est réputé pour son austérité, qui passe souvent pour de la sévérité voire de la dureté. Il reprenait souvent des moines en termes graves, mais dans un but pédagogique. Ananda eut ainsi à subir ses réprimandes à plusieurs reprises, notamment en relation avec l¹ordre des nonnes auprès desquelles Ananda était très populaire. Kassapa l¹aurait mis en garde contre le danger que certaines nonnes (dont on sait qu¹elles quittèrent l¹ordre par la suite) puissent se prendre d¹un sentiment affectif pour lui.
Kassapa absent lors du Parinibbana.
Mais réalise l¹évènement en voyant, en chemin un ascète nu tenant en main une fleur de l¹arbre-corail arbre dont on dit qu¹il ne pousse que dans le domaine des dieux. Et l¹ascète l¹informe. Un moine de son entourage se réjoui d¹être débarassé du Bouddha qui les empêchaient de faire comme bon ils entendaient. Kassapa ne relève pas, mais garde en mémoire comme une menace pour la stabilité de la sangha et de sa discipline.
Arrivé au lieu où est le bûcher, le feu ne s¹allume qu¹après qu¹il ait rendu un dernier hommage au Bouddha.
Kassapa envisage alors très vite le premier concile, il choisit les 500 arhat, avec le cas ambigu de Ananda qui n¹est pas encore arhat lui-même.
Le concile est commencé par le Vinaya, récité par Upali, puis les Sutta essentiellement récités pa Ananda.
Kassapa décida de passer dans le Nibbâna final peu de temps après le concile. Sa résolution finale fut de garder son corps intact jusqu¹à la venue du prochain Bouddha auquel il doit remettre la robe du Bouddha Shakyamuni.
Ananda.
Il occupe une place exceptionnelle à plus d¹un titre.
Est un de ses cousins (fils d¹un frère de son père) et serait né le même jour que lui. Ils ont donc grandi ensemble.
Ananda serait entré dans l¹ordre des moines à l¹âge de 37 ans.
C¹est toujours parfaitement accomodé de la vie de moine.
A 55 ans, le Bouddha fait part de son souhait d¹avoir auprès de lui un véritable serviteur digne de confiance. Plusieurs moines se proposent, qu¹il récuse, mais Ananda reste à l¹écart, pensant que dans sa sagesse, le Bouddha pourra choisir lui-même celui qui lui convient. Les moines éminents désignent alors Ananda que le Bouddha accepte. Ananda demande alors 8 faveurs:
-le Bouddha ne doit jamais lui donner de robes qu¹on lui a données
-ni de la nourriture qu¹il aurait lui-même reçue
-ni unlieu de séjour qu¹il aurait lui-même reçu
-ni l¹associer à ses invitations personnelles
-si lui est invité à un repas, il veut pouvoir transmettre l¹invitation au Bouddha
-veut avoir le privilège de conduire au Bouddha des personnes qui viendraient de contrées étrangères
-s¹il a des doutes ou des questions à propos du Dhamma, il veut avoir le droit de les voir éclaircis à tout moment
-si le Bouddha donne un enseignement en son absence, il veut avoir le privilège de se l¹entendre répété en privé
Les 4 premières indiquent qu¹il n¹a pas accepté le poste de serviteur pour les avantages matériels qu¹il aurait pu en retirer
Les 4 suivantes, qu¹il n¹oiublie pas pour autant ses propres progrès sur la voie spirituelle.
A de multiples reprises, le Bouddha fait l¹éloge de la sagesse et des connaissances d¹Ananda:
-lui demandant d¹enseigner à sa place
-disant, après qu¹Ananda eut répondu à des moines ³Si vous m¹aviez interrogés sur ce sujet, j¹aurais répondu exactement de la même manière qu¹Ananda.²
-l¹appelant ³gardien du Dhamma² devant des fidèles laïcs...
Ananda n¹eut pas d¹ennemis. Il ne développa aucun orgueil de sa position. Même quand il est réprimandé par d¹autres moines,notamment Kassapa, (le Bouddha lui-même, à quelques reprises) il accepte de bon coeur, à forciori quand il sait avoir oublié une règle, ou commis une erreur.
Il aida à rétablir la concorde et l¹ordre à plusieurs reprises, par exemple dans le cas des moines de Kausambi.
Il apparait prêt à se sacrifier pour sauver le Bouddha dans l¹épisode de l¹éléphant furieux.
Le Bouddha le déclare le premier moine parmi
-ceux qui ont beaucoup entendu (ie: beaucoup appris des sermons du Bouddha)
-ceux qui avaient une bonne mémoire
-ceux qui maitrisaient la structure des enseignements
-ceux qui étudiaient assidûment
-ceux qui avaient été serviteurs du Bouddha
Toutes mentions qui font référence à une capacité exceptionnelle à l¹attention.
Ananda est réputé pour son extraordinaire mémoire.
Ananda joue un rôle de premier ordre dans la formation de l¹ordre des nonnes, puis dans l¹éducation des nonnes, ce qui ne va pas sans quelques problèmes pour lui,notamment, de nonnes tombées amoureuses de lui.
Sans doute suite à ces incidents, il demanda au Bouddha, peu avant le Parinibbâna, comment il convenait pour un moine, de se comporter à l¹égard des femmes.
Parmi les moines, c¹est le vénérable Sariputta qui fut le plus proche d¹Ananda.
On ne saurait trop conseiller de lire le Mahaparinibbana sutta qui permet , en retracant les dernières semaines de la vie du Bouddha, de se rendre compte de la profondeur des relations entre le Bouddha et Ananda.
Plusieurs épisodes célèbres y sont narrés: la dernière entrevue entre le Bouddha et Mara, et l¹obscurcissement de l¹esprit d¹Ananda qui manque l¹occasion de demander au Bouddha de rester encore dans le monde pour le bien des êtres.
C¹est Ananda qui pose les questions sur les rites à respecter après la mort du Bouddha, qui informe les Malla du Nibbana final.
Il succéda à Mahakassapa à la tête de la communauté, et serait mort à l¹âge canonique de 120 ans. Il est dit que lors du deuxième concile, participait un moine très agé qui avait été un de ses disciples.
Ashoka
Ashoka, troisième roi de la dynastie Maurya, serait monté sur le trône vers 268 avant le début de l¹ère chrétienne . Il laisse le souvenir d¹un conquérant, unificateur de l¹Inde, grand protecteur du bouddhisme vers lequel il se serait tourné après avoir mené une guerre particulièrement sanglante au Kalinga, région qui correspond à l¹actuel Orissa .Ses faits et gestes nous sont connus par la légende bouddhique, et par le texte d¹édits gravés sur colonnes et rochers en divers points de son royaume .
Ashoka aurait proné la tolérance envers les autres religions, encouragé le végétarisme, peut-être aboli la peine de mort, et deux de ses enfants, moine et nonne, ont joué un rôle de premier plan dans l¹implantation du bouddhisme au Sri Lanka .Ceci étant, les édits d¹Ashoka donnent l¹image d¹un homme davantage préoccupé par les aspects moraux et sociaux de l¹enseignement, que par les points de doctrine pure.
Mahakassapa, Ananda, Ashoka sont au point de départ d¹une longue chaine, d¹hommes et de femmes d¹exception a qui l¹on doit l¹expansion de l¹enseignement du Bouddha d¹un bout à l¹autre de l¹Asie.
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Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka IV-Ve Siècle
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