Centre Bouddhique International

le Bourget - France

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Le désir et l'attachement

Par

Bhanté Parawahera Chandaratana - Centre Bouddhique International du Bourget

 

 

 

 

 

Le désir est forcément lié à l’attachement selon le Bouddhisme. En effet, dans le Paticcasamuppada (la coproduction conditionnée), il est expliqué la chose suivante :

 

« Vedana paccaya tanha, tanha paccaya upādanam », « Par la sensation est conditionnée la soif (l’envie impérieuse), par la soif est conditionnée l’appropriation ».
C’est en raison de cette « appropriation » ou « attachement » lié au désir que se produit la souffrance. 
En fait, dans le Dhammacakkapavattana Suttam, le premier « Discours sur la mise en branle de la roue de la Loi », le Bouddha nous explique la cause de la souffrance comme étant tanha (la soif ou l’envie impérieuse) sous trois formes :
kâma tanha (la soif des plaisirs sensuels),
bhava tanha (la soif d’existence future),
vibhava tanha (la soif de non-existence).

 

Nous citerons ici un extrait de ce Sutta à propos de Tanha.
« Idaṁ kho pana bhikkhave dukkhasamudayaṁ 03 ariyasaccaṁ: yā yaṁ taṇhā ponobhavikā, nandirāgasahagatā, tatratatrābhinandinī, seyyathīdaṁ:

 

Kâmatanhâ, bhavatanhâ, vibhavatanhâ” 

 

En voici la traduction en Français :

 

« Maintenant ceci, moines, est la noble vérité de la cause de la souffrance : c’est cette soif qui conduit au devenir accompagné par une avidité passionnelle, et par le fait de trouver de nouvelles délectations ici et là :

 

La soif des plaisirs sensuels, la soif d’existence future, la soif de non-existence »  
La soif des plaisirs sensuels est commune à la très grande majorité des êtres humains et même de certains animaux comme l’éléphant par exemple, etc.

 

En fait, certaines personnes, mues par un esprit d’hédonisme de consommation, en particulier dans nos sociétés modernes, mettent le plaisir sensoriel au-dessus de tout. Ces personnes souvent se disent, contrairement à tant de Bouddhistes et d’Hindous en Asie, que l’on qu’une vie, donc autant en profiter au maximum. En fait, le mécanisme naturel du désir fait qu’une fois qu’un souhait ou désir est exaucé, on assiste à l’apparition de nouveaux désirs. Il est impossible pour un être humain dans la vie de satisfaire tous ses désirs et cette non-satisfaction entraîne forcément des frustrations et de la souffrance. Quelque part, la soif des plaisirs sensuels est le moteur de la vie, car c’est en état d’orgasme que très souvent la femme, lors d’une relation sexuelle et de l’ovulation, conçoit un fœtus. Le mécanisme des désirs fait que leur satisfaction obéit à une loi d’impermanence, car dès qu’un désir est satisfait, alors apparaît la souffrance, car le plaisir lié à la satisfaction de ce désir est de très courte durée. Alors apparaissent de nouveaux désirs ad infinitum.

 

La soif d’existences futures (bhava tanhâ) et la soif de non-existence (vibhava tanhâ) pourraient être expliquées de la façon suivante :

 

Pour ce qui est de la soif d’existences futures, on trouve par exemple, contrairement au Bouddhisme, la croyance des sasatta vâdi (les éternalistes) en une âme immortelle et un dieu créateur et qui aspirent au paradis éternel après cette vie humaine dont la durée est limitée. Par exemple, certains sasatta vâdi de traditions différentes, comme l’Hindouisme par exemple, ont expérimenté par la méditation des Jhâna (absorptions mentales), des états de Samâdhi (concentration) et de méditation profonde. Comme ces méditant ont cru que ces états de Samâdhi sont l’état naturel d’un Soi éternel, ils considèrent alors qu’ils ont atteint la libération et ils s’attachent à ces états mystiques autant que les fidèles de religions monothéistes comme le Christianisme et l’Islam quand ils conçoivent un paradis éternel après la mort.

 

De plus, bhava tanhâ implique aussi une forme de croyance dans le caractère substantiel et apparemment éternel de certains plaisirs sensuels comme par exemple l’orgasme sexuel. En effet, l’attachement à un tel plaisir intense par le mental et l’Ego, fait que l’on souhaiterait que ce plaisir, qui n’est que passager et éphémère, soit éternel. On aimerait aussi, la plupart d’entre nous, ne jamais mourir afin de continuer à jamais à profiter des plaisirs de la vie. Le bhava tanha, chez les Hindous par exemple, consiste aussi en la croyance que c’est un Soi permanent et toujours identique à lui-même, qui transmigre de corps en corps dans le processus du cycle des morts et des renaissances.
Pour ce qui est de la soif de la non-existence, vibhava tanhâ, cela pourrait se manifester, par exemple, par le désir de mourir chez certaines personnes souffrantes, par exemple un cancéreux en phase terminale. Certains d’entre eux souhaitent, s’ils sont nihilistes ou « annihilationnistes » (uccheda vadî), pensant qu’après la mort ne prévaut que le néant, mourir pour que leur souffrance soit supprimée à jamais. Il y a aussi simplement le désir de détruire cette partie de nous-mêmes qui fait l’expérience d’une grande souffrance, et c’est une forme de désir d’autodestruction. Dans certains cas, il y a chez le sensualiste ou « être ordinaire », appelé « Puthujjana », le désir de s’auto-consumer dans encore et encore plus de plaisirs sensuels liés aux cinq sens grossiers du corps, car il croit qu’après la mort, il n’y a plus rien, plus que le néant.

 

En fait, le Theravada enseigne que c’est bien à cause de la croyance en une âme éternelle, un Soi permanent, ou un Ego qui perdure, que toutes les souffrances du mental ainsi que les conflits mineurs ou sanglants apparaissent dans le monde, entre individus, au sein des familles, entre ethnies, nations, fidèles des religions, etc.

 

D’après l’Abhidhamma, la première expérience du Nibbâna, appelée « l’entrée dans le courant » (« Sotapatti »), seule permet de se libérer de trois souillures appelées Sakkayaditthi (la croyance en un Soi permanent), vicikicca (le doute sceptique dans la validité des enseignements du Bouddha) et Sîlabatta Paramasa (la croyance en l’efficacité des rites et des cérémonies).
Il existe encore sept entraves en totalité qui doivent être éradiquées lors des 2ème , 3ème et 4ème étapes d’expériences de Nibbâna.
Le sentier de bhâvanâ dans le Theravada est efficace, pragmatique, mais difficile à réaliser et on doit pour cela arpenter le Noble Sentier Octuple indiqué par le Bouddha.

 

Puissiez-vous réaliser Nibbâna et être définitivement libéré des souillures du mental (kilesa) dans cette vie et dans une autre.   

 

 

 

 

 

 

 

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 Samadhi Bouddha Statue - Anuradhapura - Sri Lanka  IV-Ve Siècle